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Prologue et premier chapitre ci-dessous !

Pitch

Lucas, jeune étudiant franco-américain, suit un cursus d’astrophysique à l’Université de Chicago. Dyspraxique, il commence à peine à prendre confiance en lui-même, et se sent de mieux en mieux au sein de ce campus où il mène une vie tranquille… Jusqu’au jour où un énigmatique « Dr X » va le contacter et le pousser à se plonger dans une passionnante enquête, sous forme de jeu de piste, afin de résoudre deux des plus grandes énigmes contemporaines : lever le voile sur le mystère des OVNIS, et répondre à la question « Sommes-nous seuls dans l’univers ? ». Il pourra compter sur l’aide de Joshua, son meilleur ami, et d’Olivia, nouvelle venue sur le campus portant en elle les blessures d’un lourd passé.
Afin de percer le mystère des OVNIs, ils rencontreront des personnages hors du commun, exploreront des contrées reculées et affronteront des dangers insoupçonnés. Ce qu’ils vont découvrir dépasse l’entendement, et ne manquera pas de bouleverser l’humanité toute entière…

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Prologue

Jeudi 24 Octobre 2013, Quelque part, dans la jungle

Du gibier. Du gibier rabattu par une meute de chiens vers les chasseurs. Sans échappatoire. C’est la sensation qu’éprouve Sean Bailey, tandis qu’il se fraie un chemin à travers la végétation inextricable. Il ne les a pas vues tout de suite. Il faut dire qu’elles sont parfaitement silencieuses, et que la pâle lueur qu’elles émettent n’attire pas l’œil dans le clair-obscur qui règne sous la canopée. Mais il aurait dû les repérer plus tôt, malgré tout. Ses années d’entraînement et de pratique ont fait de lui l’un des meilleurs agents de terrain, tous services confondus. Peut-être même le meilleur… Rien ne lui échappe, habituellement… Mais, habituellement, il a un minimum de maîtrise de la situation. Or, depuis qu’il a repris ses esprits en pleine jungle, il doit bien admettre qu’il ne contrôle plus grand chose. Le stress. C’est à cause de lui qu’il n’a pas remarqué plus tôt ces petites sphères métalliques, de sinistre augure. Elles volent autour de lui sans un bruit, le suivent parfois, mais le précèdent la plupart du temps.

Elles ne sont pas bien grosses – la taille d’une balle de baseball, ou à peine plus – et sont capables d’accélérations prodigieuses, ou de trajectoires défiant les lois de la physique. Elles restent généralement à plusieurs mètres de hauteur, excepté les deux fois où elles ont foncé sur lui pour l’obliger à changer de direction. Il aurait pu rester immobile et voir si elles iraient jusqu’à le percuter. Mais, après tout, au point où il en était, autant aller là où elles semblaient vouloir le conduire, et découvrir de quoi il en retourne…

Il progresse déjà depuis un petit moment. Ses fonctions motrices, ses réflexes et son conditionnement de super-soldat sont revenus les premiers. Maintenant qu’il a totalement recouvré ses esprits, il peut commencer à raisonner. Il a manifestement été drogué. Son dernier souvenir lui revient : il est descendu dans le sous-sol du bâtiment, pour récupérer le pick-up de location. L’employé lui avait donné les clefs dans le bureau à l’étage, puis il n’a croisé personne en se dirigeant vers le véhicule. Il y a ensuite eu cette légère sensation de chaleur dans le cou, au moment où il ouvrait la portière. Et le voilà à présent seul et désarmé, dans cet enfer vert. Où peut-il bien être ? Dans la forêt amazonienne, très probablement. Cela semble logique, puisqu’il se trouvait au Brésil avant d’être enlevé.

Il était arrivé à peine trois jours plus tôt à Salvador de Bahia, avec Vanessa et leur fille, Joan, sous leurs nouvelles identités. Ils emménageaient dans leur villa nichée dans un domaine sécurisé, en banlieue de la riche métropole, et il était allé récupérer le véhicule utilitaire qu’ils avaient réservé. Il connaît la musique, il a tout fait dans les règles. Comment ont-ils pu le retrouver ? Il a beau se remémorer toutes les étapes de leur fuite organisée, il est certain de ne pas avoir commis d’erreur. Il n’a pas non plus d’implant qui leur aurait permis de le localiser. Il en était déjà convaincu, mais avait tout de même opté pour une IRM complète, afin de s’en assurer à cent pour cent.

Il réalise qu’il n’a aucun moyen de savoir si Vanessa et Joan vont bien. Auraient-ils pu s’en prendre à elles également ? Cette pensée déclenche en lui une poussée de rage et de détresse, qu’il parvient difficilement à juguler. Il n’aurait pas dû. Pas dû fonder une famille. Il savait bien que ce n’était pas recommandé quand on exerce ce type d’activité pour l’Intelligence de son pays. Mais il n’en a fait qu’à sa tête, il est tombé amoureux et s’est figuré qu’il saurait gérer en toutes circonstances. Il n’aurait pas dû parler puis tenter de fuir non plus…

Il a certes connu son lot de désillusions en tant qu’agent de terrain de la CIA, n’étant parfois plus tout à fait persuadé de travailler pour la bonne cause. Mais il n’aurait jamais trompé ses employeurs et son pays, jamais. Être un agent double, un pion pour le compte d’une organisation secrète, ne figurait pas au programme de son plan de carrière. Il n’a rien demandé, il n’a pas eu le choix, il a été contraint de trahir. Et pas seulement les États-Unis, mais l’humanité toute entière. Aussi, lorsqu’il a compris qu’ils n’avaient pas réussi à le museler, que quelque chose n’avait pas fonctionné avec lui, qu’il était libre de penser et surtout de parler et d’agir comme il le souhaitait, quand il en a été absolument certain, il n’a de nouveau pas eu le choix. Il s’en est du moins convaincu.

Il a élaboré son plan d’évasion, construit sa nouvelle identité, préparé sa nouvelle vie, en y incluant sa femme et sa fille. Il a ensuite tout raconté à Phil. À propos des Résilients – dont il avait rejoint les rangs contre sa volonté – et de leurs commanditaires, même s’il en savait en réalité fort peu au sujet de ces derniers. Phil reporte directement auprès du Chef d’État-major des armées et, surtout, Sean l’estime digne de confiance. Phil l’a cru, ces informations étant en parfaite cohérence avec les éléments dont il disposait déjà. Quelques pièces de plus apportées au puzzle. Sean a enclenché son plan d’auto-exfiltration vers le Brésil le jour même.

Peu après son réveil, il s’était demandé qui avait bien pu l’enlever… Et pourquoi ? Une demande de rançon ? Non, il n’aurait pas pu se faire piéger par ce type de crapule, il aurait senti venir de loin des ravisseurs aussi basiques. Et pourquoi le laisser seul en pleine jungle ? Restaient deux possibilités. Soit Phil – ou l’un de ceux auxquels il aura rapporté ses révélations – l’a vendu, soit ce sont Eux. « Pourvu que ce soit Phil ! » s’était-il dit. Mais son espoir avait été de courte durée : dès qu’il avait repéré les sphères métalliques, il avait compris que ce ne pouvait être qu’Eux.

Une nouvelle et désagréable sensation s’est alors imposée à lui, avant de s’amplifier : de la peur, peut-être même de la terreur. Non pas pour son sort, peu l’importe, mais pour ses deux amours. Les avoir peut-être mises en danger est impardonnable, ne pas avoir la certitude qu’elles ne sont pas menacées est insupportable. Mais l’est-ce autant que cette frustration qui le ronge ? La frustration de se sentir manipulé, impuissant, dominé, sans doute pour la première fois ? Pas sûr…

On ne se refait pas, pas vrai ? Je suis un chat, pas une souris, bordel de merde !

Il a soudain la nette impression d’être observé. Il prend conscience de sa vulnérabilité vis-à-vis de la faune de cette jungle, dans laquelle il progresse sans prendre de véritables précautions. Il n’est décidément pas dans son état normal… Jaguars, anacondas, serpents venimeux, les dangers ne doivent pas manquer ! Il trouve une branche, à la fois massive et pointue, avec laquelle il se met à battre le sol devant ses pas. Il jette un regard vers les boules de métal qui continuent à l’escorter et réalise qu’elles sont peut-être responsables de sa sensation d’être épié. Un minuscule point sombre, généralement dirigé vers lui, se trouve au centre de chacune d’entre elles. Cela pourrait très bien être l’objectif d’une caméra… Il imagine aussitôt ce que cela pourrait impliquer.

Je vais servir d’exemple…

Ce sont leurs méthodes. Le souvenir de la scène qu’Ils l’ont contraint à regarder, lorsqu’il a été embrigadé, est resté gravé dans sa mémoire : ils avaient mis leur menace à exécution. Le Résilient qui avait voulu trahir la cause n’avait pas fait le grand voyage seul, les siens l’avaient accompagné. Un vent glacial pénètre son cœur et son âme, malgré la moiteur étouffante qui règne sous les épaisses frondaisons. En pensant faire ce qui était juste, il a probablement scellé le sort de celles qu’il se doit de protéger, et qu’il aime plus que tout.

Impardonnable…

Deux heures qu’il avance, sans véritable but, au sein de cette végétation incroyablement dense. Il n’est désormais guère plus qu’un zombi, un mort-vivant déambulant dans une forêt grouillante de vie. La luminosité commence à faiblir, le crépuscule approche. C’est à ce moment qu’un hurlement contraint subitement la forêt au silence : « Sean !!! »

Il se fige ; il a reconnu la voix – emplie de terreur – qui a hurlé son prénom. L’adrénaline investit aussitôt ses muscles, il est prêt à l’action. Il se garde bien de répondre, se dirigeant vers l’origine du cri, ce qui correspond à la direction qu’il suivait déjà. L’appel retentit de nouveau, beaucoup moins puissant. Il est désormais implorant, comme si tout espoir s’était envolé en l’espace d’un instant. Une fois qu’il estime s’être suffisamment rapproché de la zone d’où provenait la voix, il brandit son bâton et se tient prêt. Il ne tarde pas à trouver l’arbre au tronc duquel la victime, à genoux, est ligotée par une simple liane. Sa chemise blanche est imbibée du sang qui continue de s’écouler de sa gorge déchirée.

Sean, sur ses gardes, rejoint le mourant. Il semble n’y avoir personne, en dehors des boules de métal qui virevoltent autour de la scène.

« Phil… Je suis désolé, tellement désolé. Je n’aurais jamais dû t’impliquer dans cette histoire… »

Il s’est agenouillé au côté de son ami pour le lui chuchoter à l’oreille. Il n’en est pas certain, mais il a l’impression que celui-ci a rendu son dernier souffle au moment où il prononçait ces mots d’excuse, totalement dérisoires. Il ne peut plus rien pour lui, il évacue le sujet et redevient un soldat d’élite. Il tente d’analyser la situation, scrutant les alentours, écoutant les bruits de la forêt, particulièrement étouffés en cet instant. Il n’est pas coutumier de ce type d’environnement. Il a pratiqué le désert et les forêts tempérées, mais il évolue surtout en milieu urbain. Ici, il n’est pas du tout dans son élément.

De toute façon, cela ne changerait probablement rien à l’issue qu’il redoute. Pourtant, une pensée fugace lui traverse l’esprit : et s’Ils se contentaient de l’exécution des deux personnes coupables à leurs yeux : Phil et lui-même ? Et si Vanessa et Joan étaient toujours à la maison, s’inquiétant de ne pas le voir revenir avec le pick-up, mais saines et sauves ? Une douche glacée se déverse aussitôt sur son élan d’optimisme. La vision du corps sans vie à ses pieds lui rappelle la nature de ceux à qui il a affaire.

Ni la pitié, ni la mansuétude ne font partie de leurs valeurs…

Ses pas le mènent encore un peu plus loin, sans doute vers le dénouement qu’il craint plus que tout. Au détour d’un tronc particulièrement massif, il aperçoit une clairière, quelques dizaines de mètres plus loin à peine. Il s’en approche avec prudence, restant à couvert, juste aux abords de la lisière. Cette trouée dans l’épaisse jungle semble tout sauf naturelle. Pourtant, la végétation n’est ni coupée ni brûlée, mais comme totalement flétrie, réduite à l’état de lamelles d’un vert sombre, tapissant le sol de cet espace parfaitement circulaire. Son œil exercé n’a pu s’empêcher de remarquer ce phénomène alors que c’est pourtant le cadet de ses soucis. Ce qui monopolise son attention, lui glace le cœur, le laissant partagé entre un dernier espoir – celui qu’Ils lui laissent en fin de compte une chance, même infime, de les sauver – et l’anéantissement le plus complet, c’est la vision des deux femmes de sa vie. Elles sont côte à côte, à l’autre extrémité de la petite clairière, à une trentaine de mètres de lui. À genoux, les mains ligotées dans le dos, un bâillon sur la bouche, mais pas sur les yeux, baignés de larmes.

Le ventre noué, refoulant une irrépressible envie de vomir, il s’avance afin qu’elles puissent le voir. Il leur adresse un geste d’apaisement pour tenter de les rassurer, ne serait-ce qu’un tout petit peu. Leurs regards se croisent, mais il n’y lit aucun soulagement, pas même un appel à l’aide, seulement de l’épouvante. Toute trace de raison semble s’être déjà envolée. Son cœur se noue douloureusement, ses jambes tremblent, semblant hésiter à se dérober sous lui.

Il faut que je me reprenne !

La partie centrale de la clairière pourrait être piégée. Malgré sa pulsion viscérale, son conditionnement de super-soldat lui interdit de courir vers elles. Il entreprend donc de s’approcher en longeant le pourtour du cercle décrit par la lisière. Il les a quittées des yeux un instant à peine, pour assurer sa progression sous le couvert végétal. Il n’a fait que quelques pas et tout est déjà fini. Elles ne poussent pas un cri, se raidissent subitement, comme foudroyées, pour s’effondrer telles des poupées de chiffon l’instant d’après, un filet de sang s’écoulant de leur tempe. Quelque chose leur a transpercé le crâne mais il n’a rien vu. Sean titube dans leur direction, un cri de désespoir bloqué dans la gorge, ne parvenant plus à respirer. Ils apparaissent alors, surgissant de toute part, marchant vers lui ; il tombe à genoux.

Sean est capable de venir à bout de n’importe quel adversaire à mains nues, même s’il est attaqué à l’arme blanche. Il tient toujours son solide bâton à la main ce qui, en temps normal, lui donnerait l’avantage sur tout un groupe. Mais il ne tente pas le moindre geste de défense, restant prostré. Il sait que lutter serait totalement inutile, perdu d’avance et, de toute façon, il n’en éprouve plus la moindre envie. L’adrénaline qui le porte habituellement en situation de danger l’a abandonné, de même que tout désir de continuer à vivre. À vivre sans elles…

Tandis que son corps, fidèle serviteur de sa volonté en toutes circonstances, est mis en pièces et projeté vers le firmament en traînées de chair et de sang, son esprit parvient à se déconnecter de son enveloppe charnelle et de la brève agonie qu’elle endure. Il s’accorde une trêve. Le temps semble vouloir reprendre son souffle, lui offrant un ultime répit. Un répit pour repenser à toutes les erreurs qu’il a commises durant son existence, à celles dont il s’est rendu coupable plus récemment, aboutissant à cette tragédie. Il souhaite de tout son cœur pouvoir réparer l’une d’entre elles. Il voudrait demander pardon, une dernière fois. Ensuite il pourra partir, et – qui sait ? – peut-être les rejoindre.

Aussi, ce qu’il reste de lui parvient-il à projeter quelques mots vers les cieux, avant que le grand projectionniste n’éteigne définitivement la lumière.

Pardon !

Pardon Vanessa.

Pardon Joan.

Pardon…

Chapitre 1

Début Août 2017, Yvelines – ouest parisien (France)

Les dinosaures m’ont toujours fasciné.

Aussi loin que je m’en souvienne…

Ces créatures, souvent gigantesques, sont redoutables d’efficacité dans leurs spécialités : terrasser un herbivore cuirassé, brouter la cime des arbres, planer dans les cieux, ou nager à des vitesses phénoménales. Elles nous émerveillent sans doute aussi parce qu’elles ont disparu il y a plus de 66 millions d’années, ce qui permet de donner libre cours à son imagination quand on se les représente en action.

Longtemps, je me suis fantasmé paléontologue, multipliant les découvertes marquantes aux quatre coins du globe. Les rêves d’enfance passent rarement le cap de l’adolescence, et c’est bien ce qui s’est produit dans mon cas. Mon attirance pour les sciences ne s’est pas démentie, pas plus que mon intérêt pour la nature et le règne animal, vivant ou fossilisé, mais j’ai levé la tête. Pas trop non plus : à cet âge, c’est plutôt les écrans et le bout de ses chaussures qu’on a tendance à fixer, mais j’ai commencé à le faire, en tous cas. Et, peu à peu, ce qui se passait là-haut, dans les constellations, m’a semblé plus captivant encore que ces fragments osseux prisonniers de la roche, qui attendent qu’on les délivre des entrailles de la Terre. L’avenir plutôt que le passé…

Mes parents m’ont conforté dans ce changement de cap quand il a été temps d’intégrer une université, de choisir ma voie : il y a plus de débouchés professionnels dans l’astrophysique que dans la paléontologie. Le pragmatisme des adultes… Mes deux meilleurs amis partagent mon penchant pour les dinosaures mais, eux, leurs sont restés fidèles. Ils ont pourtant compris mon choix, mais ne manquent pas de me le reprocher, gentiment, à chaque fois que l’occasion se présente.

Toutefois, les passions d’enfance ont la vie dure… Voilà pourquoi, en cette belle fin de journée d’été francilien, après une bonne séance de zapping, j’attends impatiemment le documentaire à venir sur Discovery Science, ravi de retrouver ma chaîne préférée, ici, en France. Le programme de la soirée est prometteur : les dernières découvertes à propos de la tragédie cosmique qui a mis un terme au règne des reptiles géants, à la fin du Jurassique supérieur et… pizza. Le canapé de ma tante, sur lequel je me vautre allègrement, est tellement confortable ! La vie est belle…

Toute la famille est partie encourager le Paris Saint-Germain pour la reprise du championnat de football. Même si ma mère est française, et que ma première décennie l’a été aussi, je n’arrive définitivement pas à m’intéresser au soccer  1. Je me suis donc fait porter pâle :

« Ne vous inquiétez pas, je gère. Je garde la maison. Amusez-vous bien et… Allez Paris ! »

Enfin seul…

Pas vraiment seul en réalité, puisque Nestor – leur adorable matou noir et blanc – va me tenir compagnie. On s’aime bien tous les deux ; d’après ma tante il semble guetter mon retour chaque été. Sa patience est systématiquement récompensée, puisque je passe tous mes mois d’août dans ce petit coin de verdure des Yvelines. Depuis que nous vivons aux États-Unis, ma mère tient à ce que je garde contact avec mes racines françaises et à ce que j’entretienne ma pratique de la langue de Molière. Je n’y trouve rien à redire, je suis donc fidèle au poste.

Le documentaire touche à sa fin. La culpabilité de l’astéroïde de Chicxulub est désormais scientifiquement prouvée : l’onde de choc, les incendies et l’hiver de type nucléaire de plusieurs années qui ont été la conséquence de sa collision avec la Terre ont failli éradiquer toute forme de vie à sa surface. Ils ont été fatals aux dinosaures, donnant ainsi leur chance aux petits mammifères, nos ancêtres. Je suis toujours bluffé par ces reconstitutions en images de synthèse, issues du travail de géologues ou de paléontologues. Les moyens investis dans les effets spéciaux de ces films sont impressionnants, on s’y croirait.

Je me mets ensuite de nouveau à zapper, accédant ainsi à Planète+, une autre chaîne découverte. Je tombe sur la bande-annonce du documentaire à venir, après les publicités : « Enquête inédite et dérangeante sur les ovnis ».

“Inédite”, alors qu’il est indiqué que c’est une redif ! Mort de rire…

Les scientifiques – professionnels comme étudiants – dédaignent généralement le sujet, mais j’avoue que le clip me fait lever un sourcil. Nous poursuivons donc notre soirée à thème, et je découvre à cette occasion que les chats aussi aiment bien les pizzas. Nestor, en tous cas, ne fait pas la fine bouche. Il a juste un peu de mal avec la croûte des bordures…

Comme pour tout étudiant en cosmologie qui se respecte, la vie extra-terrestre fait partie des sujets qui animent les longues discussions avec mes camarades, autour d’une bière… En réalité, c’est plutôt un soda pour moi. Je n’ai pas encore réussi à atteindre un stade de “lâcher-prise” qui me permette de considérer que quelques centilitres d’alcool ne sont pas forcément mortellement dangereux… Mais ma psy et moi, on y travaille !

Les astrophysiciens, cosmologues et consorts, ont en commun un mépris condescendant pour tous ceux qui s’intéressent à la question des ovnis. Discuter de la vie extraterrestre, là oui : aucun problème. La plupart sont d’ailleurs convaincus de son existence. En revanche, des engins venus d’on ne sait où, contrôlés par on ne sait qui, et qui joueraient à cache-cache avec nous, sur Terre, ça non. C’est inconcevable. Malgré l’ouverture d’esprit qui me caractérise, je tends à partager leur scepticisme, mais dans une version un peu moins exacerbée.

J’ai hâte de découvrir comment cette thématique est abordée en France. En fin de compte, je reste scotché sur le canapé pendant la petite heure que dure le documentaire. Il est bien construit et assez troublant, au point de me faire oublier la glace au citron – ma préférée – qui m’attend dans le congélateur.

Mis en scène comme une enquête, il est présenté comme étant l’œuvre d’un journaliste français renommé, mais désirant garder l’anonymat. L’investigation progresse au fil de témoignages qui semblent indiscutables, bien étayés, concernant des rencontres rapprochées du 1er, 2ème et 3ème type 2. Quelques reconstitutions alternent avec de nombreuses interviews des protagonistes, généralement au-dessus de tout soupçon : scientifiques, astronautes, pilotes de ligne, aiguilleurs du ciel, gendarmes etc.

Un focus est ensuite porté sur les autorités, ainsi que sur certaines personnalités politiques, de toutes nationalités, ayant parfois admis ou évoqué l’existence des ovnis. Les cas de Jimmy Carter et Ronald Reagan, tous deux personnellement témoins de rencontres du premier type, sont alors exposés. Le candidat Carter avait promis de dévoiler la vérité à ce sujet s’il était élu, mais il n’a pas tenu ses engagements. Question de sécurité nationale, le prétexte habituel. Je n’apprends pratiquement rien : je sais que de nombreux présidents américains ont radicalement changé de discours à propos des ovnis – avant et après leur élection – ou bien ont été tenus à l’écart de ce dossier brûlant par le corps militaire et les services secrets. Certains semblent éprouver un intérêt sincère pour la question mais, immanquablement, une fois au pouvoir, tout change. C’est soit le silence radio, soit un « Circulez, il n’y a rien à voir » pour le moins suspect… Ils pourraient s’exprimer clairement, par exemple en affirmant « Comme promis je me suis renseigné, et je suis en mesure de vous affirmer qu’il n’y a ni ovnis ni extraterrestres sur Terre ! » Pourtant, ils ne le font jamais… Pas même Barack Obama, que j’avais vu mal à l’aise dans un Late Show, celui de Jimmy Kimmel je crois bien. Il s’en était sorti par une pirouette, comme s’il n’avait pas voulu mentir… J’ai aussi entendu dire que Bill Clinton, peut-être en définitive le plus “rebelle” et incontrôlable de tous les présidents, se serait vu refuser tout accès à ces informations et dossiers classés Secret Défense… Si toutefois ils existent réellement.

Pour en revenir à l’enquête, c’est le tout dernier témoignage qui me trouble le plus : le journaliste interviewe une femme politique – ministre ou secrétaire d’État – d’un gouvernement français antérieur, et surtout ancienne astronaute ! La discussion n’aboutit à rien. Aux questions à propos des secrets d’État français concernant les ovnis, elle n’apporte que des réponses évasives ou peu crédibles. Tout sauf convaincantes. Sa gêne est manifeste : elle se tortille sur son siège, son regard est fuyant, ses propos de plus en plus confus, elle garde une main devant sa bouche. De toute évidence, elle doit se dire qu’elle voudrait pouvoir se téléporter à l’autre bout de la galaxie ! Je sens que le documentaire touche à sa fin, cela se termine un peu en eau de boudin… Au terme de cette interview avortée, la discussion – désormais informelle – se poursuit alors que la caméra, censée être éteinte, tourne toujours : fourberie classique de journaliste d’investigation. Je connais bien ce type de pratique, mon père en est un…

La respectable représentante du peuple cesse enfin de s’en tenir à la langue de bois de rigueur, pâlit encore un peu plus, et sermonne le journaliste, lui disant en substance : « Mais qu’est-ce que vous croyiez ? Que j’allais vous faire des révélations face caméra sur un sujet aussi sensible et avec de tels enjeux ? Oui, il y a des secrets d’État à propos des ovnis. Oui, il y a des choses à cacher. Bien sûr qu’il y en a ! » Plus que ses mots, son ton et son teint – à présent passablement grisâtre – me font, je l’avoue, un peu froid dans le dos.

Je perçois à peine les ronrons de Nestor, étalé sur mes genoux. Je ne suis plus vraiment là. Retranché dans la nacelle de ma montgolfière imaginaire, j’ai largué les amarres. C’est là que je me rends quand j’ai besoin de me poser de vraies questions. En l’occurrence : « Serait-ce raisonnable de changer le thème de mon petit mémoire d’été, convenu avec le Professeur Butler, pour lequel il a gentiment accepté de tenir le rôle de tuteur ? Alors que j’ai déjà un peu commencé à y travailler ? » Mais surtout : « Ai-je envie de faire un peu dans la provoc ? » Balancer quelques heures de boulot à la poubelle, ce n’est pas un drame. Par contre, proposer le thème des ovnis, est-ce que ça ne serait pas mal vu ? Je ne suis encore qu’un étudiant de deuxième année, ce n’est qu’un mémoire d’été, et lié à une initiative volontaire qui plus est ! Mais le sujet est quand même quasiment tabou à l’université…

Un bruit sec fait voler en éclats mon refuge chimérique ; je me sens retomber sur le canapé du salon de la famille Delcourt. Cette dernière est de retour, au grand complet, et vient de claquer la porte d’entrée. Sébastien, un de mes deux cousins, lance les hostilités :

— Houlà, tu tires une de ces tronches Lucas ! C’est la pizza qui ne passe pas, ou tu es juste vert d’avoir raté la première branlée de la saison ?

« Pariiiiiis est magique ! ajoute-t-il d’une voix de baryton, le bras levé.

— Non, pas de souci, la pizza était nickel. J’étais juste un peu perdu dans mes pensées… (Sourire suivi d’une contre-attaque) Mais franchement, bravo pour la victoire. Le PSG et ses stars qui gagnent à domicile contre une petite équipe, quel exploit !

— Le spécialiste du football a parlé ! J’imagine que les sports collectifs et toi ça fait toujours deux ? Tu ne t’es pas encore mis au foot ricain ou au baseball ?

— Et non, toujours pas ! « Dyspraxique un jour dyspraxique toujours » comme on dit. Tous ces sports de meute, ce n’est pas pour moi, et ça ne le sera jamais je crois bien… Par contre, quand tu veux pour un petit match de tennis, ou même un bras de fer !

J’ai réussi l’exploit de titiller son amour-propre tout en lui donnant le bâton pour me faire battre. Il ne me déçoit pas et riposte comme attendu :

— C’est juste de la gonflette ou tu es sous stéroïdes ? Tu as pris du volume depuis l’été dernier !

— Ah bon ça se voit ? je lui réponds, sincèrement surpris. Non, seulement du jus de coude, merci de t’inquiéter pour ma santé. Tu connais mes parents, on ne mange quasi que du bio à la maison, ils ne me laisseraient pas toucher à ces saloperies. On pousse juste un peu de fonte avec papa…

— Fais quand même gaffe, il parait que ça peut devenir un peu comme une drogue la muscu, il ne faudrait pas que tu te transformes en bibendum !

Je souris, lui concédant une courte victoire dans notre joute de la vanne. Nous finissons la soirée en famille, sur des banalités. Je n’ai pas trop envie de partager mes hésitations du moment, et de déclencher un débat passionné sur les ovnis avec cousins, cousine, oncle et tante. En tous cas, pas ce soir.

Je prends ma décision au coucher, à propos de mon mémoire d’été, et la valide au réveil : je laisse tomber les théories concurrentes sur l’âge des anneaux de Saturne, au profit des ovnis. Enfin, si mon professeur vénéré ne m’envoie pas promener… Je lui adresse un petit mail de quelques lignes, que je passe une heure à écrire et réécrire avant de me décider, les mains moites, à cliquer sur « Envoyer ». Quelques heures plus tard, alors que le jour doit s’être enfin levé à Chicago, je reçois sa réponse : il est surpris, mais je le sens amusé puisqu’il s’engage à ce que cela reste entre nous. Toujours est-il qu’il me donne son feu vert. Je l’en remercie aussitôt, lui assurant qu’il ne s’agit que d’une lubie estivale, et promettant d’aborder le sujet aussi scientifiquement que possible.

Je vais donc me lancer dans une brève étude, agrémentée de réflexions personnelles sur le sujet. J’argumenterai à propos de la possibilité d’une vie extraterrestre intelligente et de son hypothétique venue sur Terre, en mettant dans le shaker les points de vue des ufologues – ceux qui se disent spécialistes des ovnis – et des véritables scientifiques. Potentiellement amusant… Mais j’ai vraiment envie d’en apprendre davantage sur le sujet, me faire ma propre opinion. Je me connais, après avoir vu ce documentaire perturbant, ça pourrait vite tourner à l’obsession…

C’est à Ulysse que j’en parle en premier. Il est mon meilleur ami d’enfance, lorsque nous habitions encore de ce côté de l’Atlantique, à Issy-les-Moulineaux. À l’époque déjà, on se regroupait entre “dys” 3, sans même s’en rendre compte. Nos petites différences nous rapprochaient, tandis que les autres, les neurotypiques 4, n’étaient pas toujours tendres avec nous. Lui est dyslexique, mais juste un peu, rien de bien méchant. Je suis pour ma part un peu plus “atteint”, ma dyspraxie a jeté ses racines plus profondément, mais ça se voit de moins en moins, parait-il. Ce que l’on remarque quasi immanquablement, c’est ma maladresse, tout comme mon côté tête en l’air et rêveur. Et, jusqu’à preuve du contraire, ce ne sont pas des défauts rares ou calamiteux ! En tous cas, je me le répète à chaque fois que ma petite voix intérieure commence à couiner sa rengaine d’auto-apitoiement…

Nous nous retrouvons tous les étés, Ulysse et moi, et nous restons en contact toute l’année. C’est un peu le frère que je n’ai jamais eu, les disputes en moins. Nous ne nous sommes pas encore vus cette année, il séjournait chez ses grands-parents paternels en Bretagne et vient de revenir en région parisienne. Nous n’avons probablement jamais discuté des ovnis ensemble, je n’ai donc aucune idée de ce qu’il en pense. Mais cela m’étonnerait qu’il me rie au nez, je parierais même une petite pièce que le sujet l’intéresse… Je l’appelle, et je ne suis pas déçu :

— Génial, super idée ! s’exclame-t-il, dès l’annonce de mon changement de sujet de mémoire.

— Ah, content que tu approuves, si tu savais comme ça m’angoissait !

— Ha ha, très drôle ! Tu cultives toujours notre humour à deux balles je vois… Bien ! Non, sérieusement, j’ai une idée… reprend-il après un instant de réflexion. Tu sais ce qu’on va se faire avant que tu repartes ?

— Euh… Non, mais j’imagine que tu vas me le dire ?

— On va se faire un petit trip en Belgique !

J’avoue que je m’attendais un peu à tout sauf à ça…

— En Belgique… Euh… Oui… Et pour quoi faire ?

— Eh bien, pour que tu rencontres mon grand-oncle évidemment !

Appeler les secours m’effleure un instant, mais au fond de moi je sais bien qu’il ne fait que préparer son effet et ne va pas tarder à « cracher sa Valda », comme dit ma grand-mère. Je ne veux pas le décevoir, aussi je lui lâche aussi sérieusement que possible :

— J’étais sûr que tu te mettrais à fumer de l’herbe un jour. Tu es influençable, tu manques de volonté…

— Arrête tes conneries Lucas, je suis sérieux. Tu te rappelles que ma mère est Belge ? Et donc, le frère de ma grand-mère maternelle, forcément belge lui aussi, était gendarme.5

— Trop cool, c’est fantastique ! Tu ne peux pas savoir comme je suis content pour lui, et pour toute ta famille d’ailleurs !

— Essaie d’être sérieux deux secondes. La vague belge, ça te parle ?

— D’aaaaccord ! Je ne vois absolument pas le rapport avec mon mémoire, mais s’essayer au surf pourquoi pas ? Par contre, et vraiment, s’il te plait, ne le prends pas mal, mais même si connaître ta famille Belge me comblerait, ce ne serait pas mieux d’aller au Pays Basque par exemple ? Là-bas il n’y en a pas qu’une de vague, et il fait plus chaud…

— Bon, je vois que tu n’as pas trouvé comment mettre en pause ton générateur de vannes pourries, mais surtout que tu n’en as jamais entendu parler. Je te la fais courte : à la fin des années 1980 il y a eu en Belgique un nombre incroyable d’observations d’ovnis, des milliers de témoins, parmi lesquels des policiers, des gendarmes, des pilotes etc. Ces ovnis ont même été repérés et suivis au radar. Leurs performances étaient délirantes. Des chasseurs de l’armée, des F-16 je crois, ont essayé de les intercepter, sans succès.

— Attends, laisse-moi deviner… Ton grand-oncle est un des gendarmes qui les ont vus ?

— Yes, c’est ça. Il pourra te raconter ce qu’il a vécu, et te donner plein d’infos. Regarde un peu sur Internet, tu verras que c’est une des plus grosses vagues d’observation d’ovnis répertoriée au monde.

Je fais parfois le malin, mais en réalité, je suis un grand émotif. Depuis ma plus tendre enfance, joie ou peine, le résultat est le même : l’irrigation involontaire de mes yeux, puis de mes joues. Mes canaux lacrymaux fonctionnent du tonnerre, et ont la fâcheuse tendance, quand ils sont vraiment en forme, à tenter de rivaliser avec le débit du Nil. J’aurai bientôt vingt ans et, après des années de lutte acharnée, je contrôle un peu mieux mon côté “pleureuse”, mais on ne se refait pas.

C’est pourquoi, en me disant qu’il n’y a rien de plus beau que l’amitié, et que j’ai vraiment trop hâte de revoir mon Ulysse préféré, je sens l’humidité affleurer et ma vision commencer à se flouter. Heureusement, nous sommes au téléphone, et je maîtrise ma voix :

— D’accord, ça marche, t’es le meilleur. On y va quand tu veux.

— On se cale ça avant que tu repartes. On se voit demain ?

— Cool, tu passes chez ma tante ?

— OK, à demain le ricain !

Assez dubitatif, je passe ma soirée sur la toile, à lire tout ce que je trouve sur cette fameuse “vague belge”. Ulysse n’a pas exagéré, les articles que je trouve sont absolument incroyables ! Je prends mes premières notes de recherches, avant de résumer ma journée, comme je le fais presque quotidiennement depuis que mes “petits problèmes” ont amené le corps enseignant à me demander de travailler sur un ordinateur portable, plutôt que d’écrire à la main. Je les comprends, j’avais moi-même parfois du mal à me relire… J’ai tellement pris goût au clavier que j’ai adopté l’habitude de retranscrire mes journées, et parfois mes états d’âme, sur mon fidèle ultra-portable. Cela m’aide à prendre du recul, à relativiser et à évacuer le stress. Nous sommes au 21è siècle, je suis un garçon, et je tiens un journal intime, où est le problème ? Le titre de cette journée d’août 2017 : “Jour Un de la version 2.0 de mon mémoire d’été”.

En fin de compte, je partage dès le lendemain mon nouveau centre d’intérêt avec ma famille maternelle. Je ne veux pas qu’ils se demandent pourquoi je passe tant de temps devant mon écran – je compte poursuivre mes recherches sur la toile dans les prochains jours –, et ça m’évitera d’avoir à inventer un bobard pour justifier mon petit séjour en Belgique avec Ulysse. Comme prévu, impossible d’échapper au débat acharné, chacun – sceptique comme croyant – y allant de ses arguments et convictions, à propos d’un sujet qu’aucun d’entre nous ne maîtrise vraiment. Amusant, mais pas vraiment constructif… J’en touche également un mot au téléphone à ma mère. Elle est encore à Chicago, mais elle ne va pas tarder à rappliquer chez sa sœur adorée, comme tous les étés. Ce sera sans papa cette année, il est en pleine enquête sur le lobby pétrolier et ne peut pas prendre de congés.

Mes vacances françaises sont très studieuses. Je limite au maximum les sorties en famille – avant comme après l’arrivée de ma mère –, refusant notamment les ballades à Paris, ce qui agace fortement ma génitrice. Elle ne comprend pas que je préfère m’enfermer pour “étudier” des affabulations telles que les ovnis, alors que la Ville Lumière me tend les bras ! Heureusement, j’ai un joker dans ma manche, l’argument imparable : je supporte de moins en moins la pollution qui règne dans la cuvette parisienne. OK, Paris est sans doute la plus belle ville au monde, mais je psychote à propos des particules fines, et c’est de pire en pire me semble-t-il. Chicago est forcément moins chargée d’histoire, mais c’est tout de même une très belle ville et, surtout, on y respire mieux ! Je ne sais pas si cela doit plus à la brise quasi permanente qui ventile notre windy city 6, ou à l’absence de diesel et à la généralisation des bus hybrides, mais la différence est sensible : pas d’immondes nuages noirs aux échappements des véhicules, beaucoup moins de camions et camionnettes hors d’âge, le ciel est bleu foncé. Pas bleu-gris comme à Paris. Mes parents sont très écolos, ma mère ne peut donc réfuter cet argument, d’autant plus qu’elle connaît mes tendances hypocondriaques. Elle capitule.

Je prends néanmoins l’air de temps en temps ; la forêt est toute proche, je me sens bien ici. Je tape même parfois un peu le ballon dans le jardin avec Sébastien, histoire que mon cousin puisse démontrer une nouvelle fois son indiscutable supériorité footballistique. Mais je passe le plus clair de mes journées avec Ulysse. Il n’a rien de mieux à faire que de se passionner pour les ovnis avec moi. Nous trouvons énormément d’informations sur le net, que ce soit via les sites d’organismes officiels – et parfois même étatiques, comme le GEIPAN 7, en France –, ceux des principaux organismes ufologiques, ou les innombrables blogs et forum amateurs traitant du sujet. Au passage, nous identifions quelques livres français qui ont l’air de valoir le détour. Je les commande, et compléterai plus tard avec d’autres en américain, “incontournables” d’après certains amateurs éclairés. Je ne l’aurais jamais imaginé, mais il s’avère qu’il existe des milliers d’ouvrages traitant des ovnis, dont certains sont de vrais best-sellers. Je reste franchement sceptique, mais je suis sidéré par l’ampleur du sujet…

Enfin, nous programmons “l’expédition belge” pour les 23 et 24 août ; nous passerons une nuit sur place.

Chapitre 2

…et la suite dans les versions papiers et Ebook (liens en haut de cette page) !

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