Sauvons les cochons !

Préambule : cette image est proche de l’idyllique (pour autant qu’une ferme porcine puisse l’être, de par sa vocation), bien loin de la réalité de ce qu’affrontent la plupart des cochons de ce monde, mais je tenais à proposer un visuel le moins glauque possible…

Essayez de faire une recherche Google à propos du cerveau des cochons (« Cerveau des cochons », « Neurones du cerveau des cochons »), vous obtiendrez pour l’essentiel des articles sordides sur des expériences de réanimation de cerveaux de cochons, plusieurs heures après leur mort, ou des cerveaux maintenus en vie des dizaines d’heures après la décapitation de l’animal. Il faut consacrer du temps pour finir par trouver des informations fiables.

En creusant, on découvre qu’il n’y a quasiment jamais eu d’études sur le sujet. Même Mistral AI (concurrent français de Chat GPT) reconnait que « Le nombre de neurones dans le cerveau des cochons et des sangliers n’est pas aussi bien documenté que celui des humains ou de certains autres animaux de laboratoire ».

Pour cette IA, le cochon est donc un animal de laboratoire. Nous conviendrons qu’il est aussi et surtout considéré comme de la nourriture sur pattes.

Pourtant, le cochon, issu du sanglier, est un animal très intelligent. Il possèderait bien plus de neurones que le chien par exemple, notamment dans le cortex cérébral, là où tout, ou presque, se passe. Sa densité neuronale y est particulièrement élevée. Il est également social, sensible, joueur, ingénieux, empathique et possède un langage complexe (qui commence à peine à être étudié). Et, surprise : il est propre, faisant notamment ses besoins aussi loin que possible de la zone de vie de son groupe… quand il en a la possibilité.

Et, dans les élevages industriels notamment, autant vous dire qu’il ne l’a pas, la possibilité… Il en souffre donc, mais ce n’est rien comparé à la triste existence qui lui est souvent réservée, sans échanges sociaux, sans possibilité d’accéder à un environnement naturel, gavé, sans aucune stimulation/interaction, et bien souvent sans possibilité de se déplacer. Existence en enfer bien courte, qui s’achève de la pire des façons, dans des abattoirs sordides, où il connaitra, en pleine conscience, terrorisé, une fin de vie généralement effroyable. Mention spéciale infamie pour les transports de ces animaux en camions ou – pire – en cargos, dans des conditions épouvantables, et les immeubles-usines en Chine, où ils sont « produits » comme des objets (600 000 cochons par immeuble), ne côtoyant que le béton, l’acier et l’humain au cours de leur brève existence.

www.youtube.com/watch?v=ACqe_klqge4

Avoir donné une connotation extrêmement péjorative, et décorrélée de toute réalité, au qualificatif de cochon ou de porc n’est bien entendu pas innocent. Essayez avec un(e) collègue pour voir… Vraiment difficile d’avoir de la compassion pour une espèce qu’on méprise par désinformation, pression à la conformité, bourrage de crâne, désintérêt complice, facilité. Les éthologues, humains parmi les humains, s’en sont désintéressés eux aussi pendant des décennies, condamnant cette espèce avec qui nous partageons 98% de notre ADN (autant qu’avec le chimpanzé !) au pire des destins.

Les géants de l’agroalimentaire et leur lobbys poussent autant que possible, manipulent et conditionnent les populations, créant la demande même là où elle était très faible (au Vietnam par exemple, la consommation de viande a été multipliée par 3 des dernières années).

Face à ces multinationales abjectes, au pouvoir économique et politique presque sans limite, la seule voie est individuelle : arrêter de manger nos amis les cochons. Pour les « viandards » invétérés et autres accros à la charcuterie (délétère pour la santé), il existe d’excellentes alternatives végétales ou à base de légumineuses.

Nous sommes 8 milliards. Il est impossible de manger régulièrement de la viande (cochon, vache, moutons etc.) sans que cela implique une industrialisation de l’« élevage », et donc les pires ignominies envers ces espèces cousines, sans oublier les dommages causés indirectement à la biodiversité (surfaces agricoles nécessaires pour nourrir les animaux d’élevage), le réchauffement climatique etc.

Il faut un peu de courage, mais une fois le pas franchi, la satisfaction de ne plus se comporter en monstre cruel et dénué d’empathie fait un bien fou !

96%-Le Crépuscule de la vie sauvage

C’est vraiment important 96%, si proche de 100%, n’est-ce pas ?

Lorsque j’ai été confronté à cet imposant pourcentage dans un article en ligne, j’ai aussitôt été saisi par l’émotion, bouleversé. Dans l’instant suivant, j’ai refusé d’y croire. Je me suis précipité sur le net pour en avoir le cœur net. Et je l’ai eu. Net, mais quelque peu brisé aussi. Brisé par l’atrocité de la situation se cachant derrière ce pourcentage.

Il s’agit de la part de la biomasse* représentée par l’humanité et ses animaux domestiqués, rapportée à celle de l’ensemble des mammifères sur Terre.

Plusieurs articles avancent ce pourcentage de 96, voire 97%. La principale étude de référence date de Mai 2018. Elle a été menée conjointement par des Instituts de recherche américains et israéliens. La voici résumée :

https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1711842115

J’ai refait les calculs à partir de celle-ci :

  •  Si l’on ne prend en compte que les espèces de mammifères terrestres, on arrive même à 98% !
  • En incluant les mammifères marins (cétacés etc.) on “descend” à environ 95%.

Parmi les 6400 à 6500 espèces de mammifères répertoriées, une seule, accompagnée de deux poignées d’autres (la première constituée des animaux qu’elle élève pour s’en alimenter, la deuxième de ceux qu’elle a domestiqués pour lui tenir compagnie) représente 19 fois plus de biomasse que toutes les autres. Une petite vingtaine d’espèces d’un côté (hommes, vaches, cochons, moutons, chiens, chats etc.), plus de 6000 de l’autre (les vestiges de la biodiversité au sein des mammifères). Ces dernières incluent bien entendu, entre autres, des espèces pourtant bien plus massives que nous, telles que les baleines, éléphants, hippopotames etc.

Les mammifères vivants librement, parfois labellisés de « vie sauvage », ne représentent plus que 5 % de la biomasse de l’ensemble des mammifères de notre planète ! Si l’on ne considère que ce qui se passe sur la terre ferme, sur les 5 continent, on tombe même à 2% ! 98% pour le clan des humains et 2 % pour l’ensemble des survivants de toutes les autres espèces.

C’est monstrueux. Épouvantable.  Catastrophique. À vrai dire, à mon sens, aucun adjectif ne peut qualifier la réalité de ce fait. Nous sommes en train d’éradiquer toutes les autres espèces de la surface de notre planète. Car, comme on l’entend parfois subrepticement dans les médias, la situation des autres classes d’animaux (oiseaux, reptiles, poissons, insectes etc.) n’est pas plus enviable… Entre 1970 et 2020, 73% des populations de vertébrés “sauvages” ont disparu, il n’en reste donc que 27%. En 50 ans à peine…

https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2024-10/Rapport%20Planete%20Vivante%202024%20-%20WWF%20France.pdf

Oui, la 6è extinction de masse est bien en cours, à l’échelle de temps de l’histoire de la vie sur Terre, elle est fulgurante, quasi instantanée, probablement bien plus que les précédentes. Et, surtout, elle n’est pas due à un événement cosmique (astéroïde) ou naturel (volcanisme, glaciation généralisée etc.). Non, celle-ci est de l’entière responsabilité d’une seule espèce, qui se dit intelligente, civilisée, consciente, et qui se targue souvent de porter et défendre des valeurs.

Car 96% (décidément !), c’est aussi le pourcentage des extinctions de mammifères au cours des 126 000 dernières années attribuées à la seule espèce humaine. Ces disparitions sont observées au fur et à mesure que l’homme s’est répandu à la surface du globale, après avoir quitté le continent africain. 351 espèces disparues ont été identifiées, et le rythme s’accélère depuis le 20è siècle, et le développement effréné issu de l’ère industrielle, accompagné d’une démographie galopante. Ce résultat, tout aussi dramatiquement alarmant que le précédent, est celui auquel a abouti une étude internationale dirigée par l’Université de Fribourg (Suisse) :

https://www.unifr.ch/inf/fr/news/23893/prev

Je savais que les derniers grands félins, éléphants, rhinocéros, baleines, grands singes, pandas, entre autres, se battaient désespérément contre l’extinction, avec l’aide de quelques humains courageux. Cependant, je ne m’étais jamais figuré que la situation soit aussi calamiteuse à l’échelle de la planète. Il ne faut pas se leurrer, ces nobles espèces sont en sursis, sous respirateur artificiel, l’extinction de la plupart d’entre elles est imminente, et ne sera démentie que par la survivance de quelques individus retenus prisonniers dans des zoos, pour notre plaisir et nous cacher la réalité de la situation. Les 351 espèces disparues ne sont que l’arbre qui cache la forêt.

Mais ce drame est logique. Nous sommes désormais plus de 8 milliards. Nous prenons trop de place. Presque toute la place. Nos villes, nos infrastructures de transport (routes, voies ferrées etc.), industrielles, commerciales, récréatives, et surtout nos champs (couvrant presque 50% du territoire français, à titre d’exemple), ne laissent que des miettes aux autres espèces. Nous ne concédons que des confettis de milieu naturel aux derniers représentants des 5000 autres espèces. Leur habitat est annexé, rogné, détruit, saccagé ou exploité par l’homme. Dans la plupart des pays (dont la France !), les réserves naturelles sont de vastes duperies n’assurant aucune protection aux (autres) animaux. Les derniers sanctuaires que sont devenues les réserves africaines n’arrêtent pas si souvent les braconniers et les chasseurs de trophées. Parfois, dans un subit élan de mansuétude, nous creusons de petits tunnels sous les routes (ou des ponts au-dessus), ou tentons de créer des « corridors » pour relier deux ou trois confettis boisés entre eux, et permettre ainsi aux blaireaux, chevreuils ou hérissons d’avoir une chance de passer de l’un à l’autre sans se faire écraser par un monstre de métal de deux tonnes lancé à 100 kms/h.

Dérisoire.

La puissance de feu de l’humanité est colossale, terrorisante, écœurante. En quelques décennies, nous avons déclenché un bouleversement climatique planétaire, pollué la Terre au-delà de l’imaginable, et provoquons la sixième extinction de masse du vivant.

Il est temps de réagir, de se ressaisir, d’arrêter de faire semblant. Nous devons nous réinventer totalement pour commencer à mériter un tout petit peu une place sur cette merveilleuse planète.

* Biomasse : masse de matière vivante

Sven Taro

SOS Science

La science, c’est formidable.

Elle permet de comprendre le monde qui nous entoure, y compris celui qui échappe à nos sens et notre compréhension immédiate, car trop vaste et lointain (galaxies, trous noirs, pulsars etc.), ou au contraire trop minuscule (atomes, quarks etc.). Bien sûr, elle se trompe parfois, et ce qu’elle considère comme certain aujourd’hui peut s’avérer totalement erroné demain. Les plus grands noms parmi l’élite scientifique de différentes époques, certains prix Nobels notamment, l’ont expérimenté. Mais que celle ou celui qui ne s’est jamais trompé leur jette la première éprouvette !  La science est également le fondement de la technologie. Et c’est merveilleux la technologie ! On lui doit tout, ou presque… Elle est l’un des principaux piliers de nos civilisations, et est désormais, sans conteste, le principal moteur de leur développement effréné. Hum ! Bon, elle a aussi ses petits travers, j’y reviendrai prochainement…

J’adore la science, même si je suis très loin de faire partie de ses éminents représentants. Disons que je tente d’exploiter décemment l’outil cognitif dont je suis pourvu, afin d’assouvir ma curiosité, qui touche de très nombreux domaines. J’ai toujours faim, les années n’y ont rien fait jusqu’à présent (attendez deux secondes, je touche du bois pour que cela dure aussi longtemps que possible… Voilà… C’est fait.). Et j’ai parfois les yeux plus gros que le ventre, je me disperse, ou me retrouve largué. Heureusement, il y a la vulgarisation scientifique pour venir à mon secours, sites et revues.

Le réchauffement climatique, la pollution, l’extinction de masse en cours, ces sujets sont abordés, et les médias de vulgarisation semblent, pour la plupart, convaincus des enjeux liés à ces problématiques. Ils les relayent d’ailleurs assez régulièrement. C’est bien, parce que, comme on le sait, il y a péril en la demeure, n’est-ce pas ? On dirait bien qu’on fonce joyeusement vers une mega catastrophe, bien comme il faut.

 Je me suis fait une réflexion récemment : dans ces revues (Science et Vie, Science et Avenir, Pour la Science…) et sites (futura-science.com etc.), quelle est la proportion des articles et news traitant de travaux de science appliquée (la science fondamentale étant a priori peu concernée) et/ou d’ingénierie qui sont dédiés à ces questions vitales ? À ce stade, je ne vais pas vous mentir, on est sur du doigt mouillé. Je dirais moins de 10%. Très très minoritaire donc.

La question que je me suis posée dans la foulée est : « Est-ce que cette proportion est représentative du nombre de scientifiques, de chercheur(e)s et d’ingénieurs travaillant à essayer de trouver des solutions pour sauver ce qui peut encore l’être ? Je n’en sais rien, là encore, mais à mon humble avis, on est dans les mêmes ordres de grandeur, peut-être même en dessous.

Et là, moi qui adore la science, et donc ses cellules actives que sont les scientifiques, j’aurais tendance à conclure que la plupart d’entre eux aussi, comme l’immense majorité de l’humanité, regarde ailleurs, continue à tracer joyeusement la route fantasmée de l’humanité du futur, sans tenir compte de certaines réalités fondamentales.

L’armée de scientifiques et d’ingénieurs qui travaillent pour Elon Musk ou Jeff Bezos, à arracher à coup de centaines/milliers de tonnes d’énergie fossile, des centaines/milliers de tonnes de métal pour mettre en orbite des satellites qui finiront en pollution spatiale, ou dans lesquelles sont parfois encapsulés quelques centaines de kilos de matière organique (les astronautes, pour ceux qui ont décroché un instant), afin de retourner autour de la Lune, puis dessus, et ambitionnent d’enchaîner avec Mars et des astéroïdes pour exploiter les minéraux qu’ils contiennent, ne me fera pas changer d’avis. Les projets de leurs complices ou commanditaires (la NASA pour les États-Unis, l’ESA pour l’Europe ou la CNSA pour la Chine) non plus. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres…

Comment est-il possible que nos cerveaux les plus brillants, ceux-là mêmes dont on serait en droit d’attendre qu’ils se mobilisent les méninges à coup d’accélérateur de particules pour trouver des solutions, ne le fassent pas ? Ils délaissent la seule thématique capable de permettre d’envisager un avenir décent pour le vivant sur Terre, humanité comprise, au-delà de quelques décennies. Ils préfèrent, pour une écrasante majorité, se consacrer à tout autre chose.

Ceux évoqués ci-dessus se focalisent, à coups d’essais erreurs, à faire parfois exploser dans l’atmosphère ou sur le pas de tir de titanesques fusées pour Elon Musk (leur patron en rigole, il s’en fout, sa fortune est un puits sans fonds et c’est la NASA qui finance en bonne partie) jusqu’à finir par arriver à les envoyer à une fréquence phénoménale (2 à 3 par semaine !) polluer l’atmosphère et ’espace. D’autres préfèrent étudier des nébuleuses situées à des milliards d’années-lumière, ou à concevoir du super armement encore plus destructeur que le précédent, à mettre en place des techniques écocidaires pour extraire encore plus d’énergie fossile des entrailles de la Terre, à développer de l’Intelligence Artificielle pour nous mener on ne sait où. Des laboratoires, un peu partout dans le monde, sont en compétition pour créer, dans des accélérateurs de particules consommant l’électricité nécessaire à une petite ville, l’élément chimique au noyau le plus lourd, dépensant des dizaines de millions d’euros annuels pour un résultat évanescent (duré de vie de l’élément créé : quelques nano secondes) et absolument inutile. D’autres encore ont jeté leur dévolu sur la mise au point de médicaments dangereux ou inefficaces mais super rentables et super polluants, ou de nouvelles technologies qui permettront de développer de nouveaux gadgets, au mieux parfaitement inutiles, mais le plus souvent contribuant à nous éloigner de la vraie question, voire à aggraver la triste situation.

Pourquoi ? Pour ce qui est des scientifiques, j’imagine qu’ils ne font, souvent, que poursuivre dans leur domaine de prédilection, depuis leurs études. Bien entendu, leurs travaux sont toujours liés à des projets, publics ou privés, et aux financements qui vont avec. Ils faut bien manger ! Les intérêts particuliers de grands groupes industriels ou financiers, de milliardaires mégalomanes, de despotes ambitionnant, plus ou moins consciemment, d’atteindre des objectifs personnels irréalistes au détriment de tout ce qui existe sur Terre – en dehors d’eux -, sont hélas les moteurs du travail de la très large majorité des plus brillants scientifiques, la crème de l’intellect. Ceux œuvrant pour des laboratoires publics, des universités etc., se focalisent très souvent sur la quête du savoir. Chercheurs, scientifiques, se consacrent à comprendre des petits fragments de l’immensité de ce que nous ignorons. Quel est l’âge de l’univers ? Quand sont apparus les premiers mammifères, les premiers hominidés ? Quelle est la véritable couleur de tel astre lointain ? Quelle est l’influence du PH de l’eau ou de sa salinité sur le nombre de ricochets possible avec un même galet. Quête sans fin, parfaitement vaine, parsemée de petites victoires (Eureka !) qui seront potentiellement remises en question demain. Quête qui, surtout, les détourne des sujets cruciaux, vitaux.

Je ne m’étendrai pas sur le cas des ingénieurs, vraisemblablement moins nombreux encore à œuvrer pour un avenir digne de ce nom. Ils sont salariés, et travaillent quasiment tous pour des entreprises privées dans une optique de rentabilité, de profit, de course en avant.

Scientifiques, ingénieurs, ne sont pas à blâmer, là n’est pas mon propos.

Si on prend un peu de recul, objectivement, le capitalisme est le coupable, peu de doute à nourrir à ce sujet. Ils en sont les otages, comme la plupart d’entre nous, l’ensemble du vivant en étant la victime.

Sad but true, comme disait Metallica…

www.youtube.com/watch?v=A8MO7fkZc5o

Heureusement, comme au sein de l’humanité en général, certain(e)s sortent du lot et refusent de consacrer leur vie et leur potentiel à servir les sombres desseins à peine déguisés de super-vilains en jean, t-shirt et sourire carnassier. Pas plus qu’à se perdre à étudier la mécanique des mouvements de foule ou la nature de la conscience, à décrypter des langues mortes et oubliées ou à mettre en équations la croissance des griffes des différentes espèces de reptiles.

Non, ces scientifiques ont choisi d’intégrer des programmes de recherche appliquée œuvrant directement ou indirectement à la définition de solutions : climatologie, énergie, sociologie etc. Il y a tant à faire ! Certains s’extraient de leur spécialité pour apporter leur pierre à l’édifice, y consacrant une bonne partie de leur temps libre. Je pense notamment à certains brillants astrophysiciens. Parfois, ils se réunissent au sein d’associations ou de collectifs, comme les scientifiques en rébellion (bravo à eux et plein de courage !).

https://scientifiquesenrebellion.fr/

On peut raisonnablement penser qu’ils sont les mieux placés pour déterminer ce qu’il convient de faire. Qui d’autre ? Les États, les pays ? Se mettre d’accord à 195 est une pure utopie, surtout compte-tenu des profondes divergences d’intérêts, de moyens, de situation locale, de culture etc. Ne pas oublier qu’à la tête des États on trouve soit des politiciens, qui servent généralement leurs propres intérêts, soit des dictateurs… Tous les États sans exception sont à la solde d’idéologies : capitalisme et religions pour l’essentiel. Le capitalisme, via tout ce qu’il implique (mondialisation, croissance économique factice dans un monde clos, consommation effrénée, “progrès”‘ non maîtrisé etc.) est un des principaux ennemis du vivant. Les religions le sont trop souvent elles aussi, du moins celles qui placent l’homme au dessus de l’ordre naturel et prétendent que Dieu serait le seul décisionnaire à tous les étages, dédouanant ainsi l’espèce humaine des conséquences de ses actes. Reste enfin le peuple, les individus, se regroupant pour renverser l’ordre établi. Ce n’est pas comme si cela ne s’était jamais produit… Mais il faut bien se rendre à l’évidence : l’humanité est prise dans une spirale infernale, celle de ces idéologies et de ses dépendances, et seule une très faible minorité de ses rangs se sent concernée par la situation. L’anthropocentrisme collectif et l’égoïsme individuel font la loi.

Les scientifiques donc. Parce que l’agnosticisme est au cœur de leur ADN, leur permettant de prendre du recul vis-à-vis des idéologies, y compris le capitalisme au sein duquel ils sont pourtant bien obligés de fonctionner, comme nous tous. Parce que la passion les motorise très souvent, ainsi que l’admiration éprouvée pour la nature. Ils peuvent bien entendu se tromper, mais ils ont certainement le meilleur potentiel pour tracer la moins mauvaise route à emprunter. Il faut leur donner la parole, les écouter, les croire et suivre leurs consignes. Leur donner cette possibilité, ce rôle, cela devrait être la mission principale des dirigeants du monde entier. Ce n’est malheureusement quasiment jamais le cas. Les politicien(ne)s n’écoutent pas les scientifiques (n’oublions pas la tribune désespérée de 1000 scientifiques dans Le Monde en Février 2020), suivre leurs recommandations les éloigneraient certainement de leur réélection ! Comme presque toujours, l’intérêt particulier prend le dessus sur le collectif.

La science a engendré la technologie, trop souvent bras armé du côté sombre de l’humanité. Mais elle est également la source du savoir, et c’est le savoir – à condition d’ouvrir enfin nos chakras – qui nous donnera les voies à suivre pour tenter de sauver cette merveilleuse nature, dont nous avons volontairement oublié que nous faisons partie.

Mesdames, Messieurs les scientifiques de tous horizons, suivant l’exemple des Scientifiques en rébellion, regroupez-vous, faites-vous entendre, quitte à gueuler plus fort que tout le monde, à renverser la table, et guidez-nous. S’il vous plait, vite…

La science c’est formidable. Ne l’oublions pas !

Sven Taro

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